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Pas de rendez-vous lecteur en ce mois d’avril mais des coups de lecteurs, il n’en manque pas . En voici deux pour vous faire patienter : Ame brisée d’Akira Mizubayashi et Les simples d’Yannick Grannec. Des romans qui font l’unanimité et portent à prendre le temps de lire. La lenteur existe aussi dans la lecture pour laisser les mots nous traverser, s’ancrer en nous, pour saisir le rythme.
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Ame brisée, Akira Mizubayashi : C’est l’histoire d’un violon et d’amour de la musique, celle de la perte d’un être cher, de la cruauté de la guerre, du déracinement, du souvenir. C’est l’histoire de Rei qui, caché dans une armoire assiste, au centre culturel de Tokyo à l’arrestation de son père Yujaponais et de trois autres musiciens étudiants chinois durant la guerre en 1938, soupçonnés de comploter contre le Japon.. Rei reçoit le violon brisé de son père qu’il ne reverra plus jamais. C’est l’histoire de Jacques et Hélène, luthier et archetier, trente ans plus tard en Lorraine. C’est l’histoire d’une reconstruction celle de Rei qui mettra toute sa vie à comprendre cet évènement tragique, c’est l’histoire d’un luthier qui vouera toute sa vie à la restauration d’un violon jugé irrécupérable. Les destins croisés de quelques personnes permettront à Rei de reconstituer le puzzle de sa vie. C’est un roman porté par deux langages : celui de la littérature et celui de la musique. Malgré la cruauté des destins, ce roman porte un regard positif sur l’humanité.
Les simples, Yannick Grannec : une action au cœur d’une abbaye de bénédictines, Notre Dame du Loup à la fin du Moyen Age. Même si comme dans tout roman la part de fiction est importante, l’autrice apporte un très bel éclairage sur le fonctionnement des abbayes : leur organisation, leur hiérarchie, les Marie et les Marthe (sœurs de chœur/ contemplation, sœurs converses/ action), leur fonctionnement, leurs activités et leurs limites, les règles imposées, les prières, leurs relations avec l’extérieur, leur dévouement auprès des nécessiteux, les motivations des unes et des autres, les relations entre les unes et les autres, les jalousies, la place des filles dans la société et dans la fratrie… les relations entre le clergé régulier et séculier. Et puis en fond de toile le pouvoir, l’Inquisition, les accusations de sorcellerie.
Mais le personnage principal de l’histoire, ce sont les «simples», ces plantes que les sœurs récoltent, transforment en médicaments, réputés et vendus à l’extérieur notamment aux grands de ce monde : les rois et reines mais aussi la cour du pape. Et les revenus qui en découlent déchainent concupiscence, convoitise, jalousies, intrigues, bassesses, trahisons… Et tout cela conduit à un véritable chaos.
Cette histoire est également portée par des personnages. De beaux portraits de femmes, la mère supérieure Marie-Vérane, l’herboriste sœur Clémence la doyenne, Fleur une oblate, la jolie novice Gabrielle d’Estéron qui se voue à l’étude de la médecine interdite aux femmes. Des hommes plus vénaux l’évêque de Vence Jean de Solines, le vicaire Dambier, plus falot le jeune Léon de Sine que sa famille destine à l’habit ecclésiastique. Et toute une galerie d’intrigants et intrigantes. Des personnages en grande partie tourmentés, chacun gardant en soi une partie du Malin. Personne n’est jamais aussi simple qu’il y parait. Des vocations, des aspirations, des rêves contrariés peuvent engendrer plutôt le pire que le meilleur. Le tout porté par une belle écriture qui alterne dictons (le 20 avril, A saint Théodore fleurit le bouton d’or.), poésies, récit, dialogue. Le temps y coule lentement rythmé par les saisons. De belles évocations de l’arrière pays niçois.